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JOUR 1.

Journée vue par Sonia

À la Sainte Zita, le froid ne dure pas, nous dit le dicton populaire. Pourtant, c’est bien une journée de pluie fraîche qui nous attend.

Départ de l’atelier du Pignon à Nantes, un atelier d’auto-réparation vélo associatif, situé dans un ancien chantier naval. Ici, on répare désormais en autonomie son vélo, grâce à tout le matériel (et il y en beaucoup, du neuf et de l’occasion). Et ça tombe bien, parce que le périple n’est même pas commencé que l’une de nous casse sa chaîne !

Après un délicieux déjeuner concocté par les organisatrices, nous partons d’abord pour une traversée de Nantes depuis les bords de l’Erdre jusqu’à la Chapelle-sur-Erdre. Ce premier segment est simple, la route agréable, même si ça monte déjà un peu disent les plus débutants ! Enfin, après quelques côtes, nous arrivons à Notre-Dame-des-Landes, mouillé·es mais heureux·ses. Dès les premiers coups de pédales dans la « zone », l’ambiance change. Les panneaux de signalisation disparaissent pour laisser la place à des marquages au sol. Sur les côtés, les maisons en dur sont remplacées par des constructions hétéroclites, des camping-cars et mobil-homes.

Nous sommes accueilli·es par Chloé dans notre gîte (une ancienne ferme), notre nid pour les deux prochaines nuits. C’est l’heure de défaire la tente pour celleux qui campent et de s’installer dans le dortoir pour les autres.

Nous repartons très vite pour l’Ambazada, « la salle des fêtes de la ZAD » comme la présente Chloé. Après un apéro-atelier pliage de tracts autour du combat de Sainte-Soline, nous avons droit à un bon repas chaud. Geneviève, Thibaut et leurs camarades nous parlent de la lutte depuis les débuts au travers de diapos. On y voit notamment les tracto-vélos – vélos et tracteurs – rejoignant Paris pour dire « Non à l’aéroport » au moment de la COP21 ou comme l’été dernier avec le « convoi de l’eau » et ses 700 cyclistes qui ont pédalé de Sainte-Soline à Paris en passant par Orléans (où se situe l’agence de l’eau).

L’organisation de ces rassemblements n’est pas toujours facile, les avis divergent sur les moyens d’action. Un des intervenants rappelle la parole simple, brève, efficace de Geneviève qui avait réunie tout le monde pour l’intention à donner au prochain convoi : « Pas taper pas casser ». C’était en 2014, après les manifestations agitées du 22 février à Nantes. Geneviève témoigne enfin de l’évolution des slogans, qui marquent aujourd’hui la prise en compte d’enjeux transversaux : « Non à l’aéroport » devient « Non à l’aéroport et à son monde ». Les « éco-terroristes » ont aussi de l’humour : « on prend Versailles, on vous laisse le Bourget ». Les discussions s’achèvent sur la lutte de Sainte-Soline contre les méga-bassines et l’appropriation de l’eau.

Après cette riche soirée, nous allons nous coucher, épuisé·es par la journée. Pour les un·es, c’est le trajet dans le noir qui restera dans les mémoires, quand pour les autres, ce sont ces allées arborées faiblement éclairées par la lumière jaune de nos vélos.